Présentation de l’ouvrage : ALBERT LE GRAND, La Bible Mariale, dans la Revue L’Initiation, n° I de l’année 2020, p. 198.
Les chercheurs assidus de la Vérité Une seront heureux d’apprendre la parution, pour la première fois en français, d’un incontournable chef d’œuvre d’Albert le Grand [1] : la Bible Mariale.
Ce petit traité se présente comme un commentaire verset par verset du texte biblique (Ancien et Nouveau Testaments), montrant que celui-ci ne nous parle que d’une seule chose… de la Vierge Marie. « Tiré par les cheveux ! », pensera-t-on si l’on n’envisage la Mère des croyants que du point de vue historique. Mais si l’on s’intéresse au sens profond du mystère marial, et à ce qu’il signifie réellement, on comprendra tout l’intérêt de l’ouvrage.
Quelle est donc cette Vierge Marie, modèle du vrai chrétien ? Qui est cette merveilleuse princesse dont nous parlerait la Bible du premier verset de la Genèse au dernier de l’Apocalypse ? Et nous ajouterions : « ainsi que les Écritures saintes et sages de toutes les nations », car le mystère marial peut se produire en tout temps et en tout lieu.
Comme l’annonce le traducteur dans sa préface, ce mystère est celui de la Gnose, et il est actuel ! Il est provoqué par la visite de l’ange Gabriel qui peut seul convertir notre « EVA pécheresse » en un « AVE puissant » (p. 7), à savoir en une Vierge Marie toute pure que l’Esprit-Saint fécondera ensuite. Alors germera en l’homme visité la véritable Connaissance, la Science de Dieu, source de toute Révélation, et que l’Église semble avoir oubliée aujourd’hui.
C’est de ce mystère que parle toute l’Écriture, à mots couverts, et Albert le Grand nous aide à en démêler l’écheveau en pointant plus de 600 versets bibliques « ajustés exactement au corps de Marie » (p. 8). Nous ne donnerons que quelques exemples. Lorsque Dieu dit : « que la lumière soit ! » (Genèse I, 2), cela reviendrait à dire : que Marie soit engendrée (p. 17) ; l’arche de Noé, c’est aussi la Vierge Marie (p. 19) ; Sarah, c’est la Vierge Marie (p. 22) ; l’arche d’alliance, c’est toujours la Vierge Marie (p. 34) ... De même, dans le Nouveau Testament, l’étoile des rois mages (p. 165), la maison édifiée sur le roc de la parabole de Jésus (p. 172) ou encore la barque dans laquelle celui-ci s’était endormi (p. 175) en sont autant d’images. Pour reprendre la synthèse proposée par le traducteur, elle se trouve décrite comme « un bassin, une montagne, un ciel, une ville, une guerrière, une cruche, une mer, une verge, une chaleur, une toison, une impératrice, une tour, un coffret, une lune, un sucre, et surtout : la plus belle des femmes ! » (p. 8).
Ainsi, le lecteur savourera cet ouvrage comme une longue litanie à sa Mère, à celle à laquelle il espère être rendu semblable en pureté et en humilité. Ému par cette poésie, par ce Verbe si puissant, il ne pourra qu’être reconnaissant envers ce précieux guide l’éclairant dans sa recherche de l’unité des Écritures.
Car cette unité n’est-elle pas au cœur de toutes nos recherches ? N’est-ce pas elle-même qui fait la valeur et l’intérêt des Livres sages ? N’y a-t-il pas lieu, encore aujourd’hui, de tenter d’actualiser ce mystère ? Comme l’écrivait Louis Cattiaux dans le Message Retrouvé : « Les saintes Écritures sont au complet depuis leur commencement, et chaque nouveau livre révélé ne fait que les confirmer sans rien ajouter et sans rien retrancher au mystère de l’esprit incarné qui fait leur fondement sacré »[2]
Or, seule la Vierge Marie est suffisamment pure pour permettre à cet esprit de s’incarner. C’est elle que nous devons appeler de tous nos vœux. Puisse-t-elle encore en notre siècle être la source de nombreuses révélations !
Mentionnons finalement que le présent ouvrage est très agréable à employer, tant par la clarté de sa typographie facilitant la lecture de ce texte parfois alambiqué d’Albert le Grand, que par la présence d’un index des références bibliques et des noms propres et communs, qui le rend consultable très aisément.
[1] Il n’est pas impossible qu’il s’agisse en réalité du pseudo-Albert le Grand, mais comme le montre le traducteur (p. 10), cela ne retire rien à la qualité de son ouvrage et a finalement peu d’importance.
[2] Louis CATTIAUX, Le Message Retrouvé, ou l’horloge de la nuit et du jour de Dieu, Paris, Denoël, 1956, livre XX, verset 2.
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La Bible mariale. Albert le Grand. Beya (editionsbeya.com). 234 pages. 2019. 39,00€.
Docteur de l’Église, maître de saint Thomas d’Aquin, Albert le Grand (vers 1200-1280) est une sommité de l’Église catholique. Les astrologues lui doivent une fière chandelle. Dans son Speculum astrologiae, dont on s’efforce de lui retirer la paternité, il prend catégoriquement parti en faveur de notre art. Le présent texte est une relecture de plus de 600 passages bibliques à la lumière du mystère de Marie. Voyons deux exemples. Dans le premier récit de la création, « la terre était déserte et vide… le souffle de Dieu planait à la surface des eaux. Et Dieu dit : ‘’Que la lumière soit !’’, et la lumière fut », Comment ne pas faire le rapprochement avec Marie, vierge, qui conçoit l’enfant par ce même souffle divin ? De façon analogue, l’étoile qui guide les mages de l’évangile de Matthieu est associée à Marie, qui guide les hommes jusqu’à leur destination divine. Ne jugeons pas ces rapprochements à l’aune de l’analyse critique actuelle ; ce sont des associations d’idées qui ont pour but de susciter une expérience, de produire cet éclair qu’est l’expérience gnostique orthodoxe.
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