Éditions Beya

Nadine Coppin

La chute d'Icare

L’auteur propose une lecture alchimique de La Chute d’Icare de Bruegel : la matière retombe dans le vase pour se coaguler.


Nourri de son illustre prédécesseur Jérôme Bosch (1450-1516), dont l’énigmatique œuvre picturale fourmille d’allusions à la science hermétique, Pieter Bruegel dit l’Ancien imprime à la Renaissance flamande sa truculence. En observateur scrupuleux de la nature et de son temps, il illustre l’humanisme particulier à son époque où s’imposent Érasme et Rabelais.

Pour le savant bénédictin [Pernety], Dédale et Icare sont le symbole de la partie fixe du magistère, qui se volatilise. Dédale représente le premier soufre, plus épais, d’où naît le second, qui après s’être sublimé au haut du vase, retombe dans la mer des philosophes.

Bien que sa chute serve souvent d’image aux malheurs de l’alchimiste égaré, victime de son ignorance et de sa témérité, la suante école d’Hermès interprète ce drame : heureuse chute. Sans volatil retombant dans la mer philosophique, point d’œuvre, la mer déserte est : occulte vide d’Icare non engendré où l’ange ne vole qu’en rêve.

La chute d'Icare, Bruegel (1558).